Kalango
CLUB DES DETENDUS DU PARE-BATTAGE
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Eric
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« Répondre #31 le: 27 Novembre 2021 00:27:15 » |
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Les nuages m’ont toujours fascinés. Et cela même assez tôt, car je me souviens très bien d’un après-midi en cours préparatoire quand Mme P… m’a gentiment rappelé à l’ordre… Eh oui, qui n’a jamais pris cinq minutes plusieurs fois à la suite pour regarder à la fenêtre passer la ménagerie de son imaginaire.
Plus tard, toujours fasciné par les nuages, j’ai tenté de les approcher en devenant pilote. Mais entre un jeune pilote et un nuage, c’est un amour interdit. Car cette passion peut se révéler mortelle pour de vrai. Alors un jour, j’ai franchi le pas pour rejoindre les initiés autorisés à voler dans les nuages. Bon autant vous le dire, il y fait froid, c’est tout gris, on n’y voit rien, parfois ça secoue fort, et souvent, même en plein été, ça givre. Pour survivre à cette passion amoureuse, on doit apprendre à se dépouiller de tout sentiment, d’abord amoureux mais surtout proprioceptif, et à concentrer tout son être, ses yeux, ses mains, ses pieds, et surtout ses yeux, et surtout ses mains, sur quelques cadrans dont les aiguilles ont été remplacées par des korrigans qui ne pensent qu’à vous entraîner dans leur danse mortelle mais qu’on doit garder immobiles…
Mais le jour où les korrigans sont domptés, quel bonheur de sortir d’un nuage par dessus, de passer de la grisaille au soleil irisé dans une couche ouatée qui n’est plus tout à fait le nuage mais qui n’est pas encore le ciel clair, et que baigne une lumière nacrée. C’est sans doute dans cet endroit cosy qu’ont trouvé refuge mes rêveries d’enfant, car un matin de décembre, j’y ai vu s’y reposer, assis sur le bord, les pieds dans le vide, le Père Noël avec son traîneau… Oui, avec son traîneau. Il m’a fait un signe de la main, je lui ai répondu en tournant un tonneau, une aile dans le nuage, l’autre au soleil… waouh ! le bonheur. Quant à la nuit, un clair de lune sur les nuages,..
Bon je m’égare., mais vous aurez compris que j’allais vous parler des nuages. Je commencerai donc par la description de la ménagerie, en abordant le classement des nuages par genres, espèces, etc. Ensuite nous verrons comment les nuages se forment : ce sera la partie la plus scientifique, certains la trouveront un peu compliquée, alors je leur réserverai une petite expérience. Enfin, nous verrons comment la ménagerie cohabite, ce qui nous permettra de mieux relier les nuages que nous observons aux prévisions que nous avons reçues.
Avant de commencer le voyage, il est peut être utile de s’accorder sur ce qu’est qu’un nuage.
C’est une concentration de fines gouttelettes d’eau ou de cristaux de glaces, en suspension dans l’air. Gouttelettes d’eau ou cristaux de glace, ça peut être les deux en même temps , voire même les trois en même temps puisqu’à côté de gouttelettes d’eau à température positive existent des gouttelettes d’eau liquide à température négative. Ces trois constituants proviennent de la condensation de la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère, qui résulte elle même de différents processus physiques que nous décrirons dans la deuxième partie.
La présence des gouttelettes d’eau altère la visibilité. C’est ce qui donne au nuage son caractère singulier dans le ciel.
Les espèces de nuage sont toutes en bon état de conservation écologique
Quand on observe un nuage, on distingue une limite basse, son plancher, et une limite haute, son plafond. Par décision des plus hautes instances mondiales météorologiques, le plancher d’un nuage ne touche pas le sol, ce qui distingue le nuage du brouillard ou de la brume qui ne sont donc pas des nuages stricto sensu (un petit échauffement pour le latin qui va suivre), puisqu’ils touchent le sol. Le plafond d’un nuage peut atteindre le sommet de la troposphère (une dizaine de kilomètres d’altitude).
Les météorologues distinguent dix genres de nuages qui se répartissent sur trois étages selon l’altitude de leur base: - à l’étage inférieur, qui part du voisinage du sol jusque 2500 mètres, on trouve des stratus, des cumulus, un hybride appelé stratocumulus, et les cumulonimbus. - à l’étage moyen, qui va de 2500 mètres à 6000 mètres, on trouve les nimbostratus, les altostratus et les altocumulus (c’est toujours amusant pour un pilote de s’envoyer en l’air tout en traversant un altocu : un côté Yin et Yang sans doute) - à l’étage supérieur, qui part de 6000 mètres et qui grimpe jusque 13000 mètres, on trouve les cirrostratus, cirrocumulus et les cirrus.
Plusieurs remarques : - Bien que faisant partie de l’étage inférieur, puisque sa base apparaît en deçà de 2500 mètres, le cumulonimbus s’étend verticalement sur tous les étages; - le nimbostratus est classé dans l'étage moyen, même si sa base déborde parfois dans l'étage inférieur; - on trouve des stratus et cumulus à tous les étages; - on affuble les nuages de l’étage moyen du préfixe alto-, et ceux de l’étage supérieur du préfixe cirro-.
La famille des stratus (stratus, altostratus, cirrostratus) regroupe des nuages stratiformes, c’est à dire qu’on trouve sous forme de couverture nuageuse (stratus : couverture en latin). Leur extension horizontale est bien plus importante que leur extension verticale. Ils se forment dans une atmosphère stable, c’est à dire qui présente pas ou peu de mouvements verticaux. Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas épais (un nimbostratus, c’est gros), ça veut simplement dire qu’ils ne bouillonnent pas. Ce sont les nuages bas et lourds qui pèsent comme un couvercle et qui donnent le spleen.
Au contraire la famille des cumulus (cumulus, cumulonimbus, altocumulus, cirrocumulus) sont des nuages bouillonnants - cumulus signifiant entre autres accroissement en latin. Leur extension verticale est généralement bien plus importante que leur extension horizontale. Ils se forment dans une atmosphère instable.
Dans les temps anciens, ces deux familles se sont croisées avec le nimbus, un nuage qui a disparu des atlas météorologiques, victime non pas du réchauffement climatique, mais du progrès des connaissances scientifiques. Historiquement, et aussi pour ceux qui parlent latin couramment, le nimbus était le nuage qui donnait les pluies les plus fortes. Les savants du moment distinguaient le nimbo-stratus et le cumulo-nimbus, avec des traits d’union, comme étant deux formes particulières du nimbus donnant l’une des pluies importantes et continues et l’autre des averses violentes. Le nimbus disparu, les nimbostratus et cumulonimbus portent le deuil en ayant effacé leur trait d’union. En revanche, ils ont gardé de leur ancêtre le caractère abondant de leurs précipitations.
Reste le stratocumulus (qu’on peut traduire du latin moderne par « iel »), né cumulus et vivant dans un corps de stratus, ou le contraire, ou simultanément les deux. Le sait-il lui-même ?
Maintenant que vous êtes bien chaud en latin, je voudrais juste indiquer que cirrus - mais vous n’en avez peut-être rien à cirer - ça veut dire boucle ou mèche de cheveux, soit une forme en virgule caractéristique de ces nuages.Quant à alto ça vient de altus qui veux dire haut. Comment ça haut ? Alto ça veut pas dire moyen ? Je suis désolé, mais les météorologues ne sont pas tous des forts en thème !
Donc dix genres de nuages, que les météorologues précisent en ajoutant un ou deux qualificatifs, l’espèce et la variété (avec encore des noms latins). Ce n’est pas très important pour nous plaisanciers, sauf peut-être pour caractériser les stades d’évolution des cumulus et des cumulonimbus qui peuvent représenter un danger en mer. Je me contenterait de décrire quelques espèces lorsque je présenterai les différents genres. Pour les dîners en ville, je vous livre deux noms : le cirrus homogenitus et son cousin le cirrus homomutatus… Nous y reviendrons.
Comme on aime les photos sur VCF, je vous prépare en exclusivité un post pour voir à quoi ressemblent les nuages, avec moults détails caractéristiques qui permettent de les identifier facilement, ainsi que le type de précipitation auquel vous pouvez vous attendre en passant dessous.
A suivre, ce sera sur VCF bien sûr!
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